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Enjeux d'une potentielle libéralisation de la vente des médicaments

24/12/2024

« Vers une libéralisation de la vente des médicaments, quels enjeux pour le système de santé ? »

 

Depuis plusieurs années, l'idée de libéraliser la vente des médicaments sans ordonnance dans les grandes surfaces fait l'objet de discussions. Cette initiative met souvent en avant des arguments liés au pouvoir d’achat, tout en soulevant des questions sur les implications pour les patients et les professionnels de santé.

Toutefois, pour comprendre pleinement les enjeux de cette évolution, il est essentiel de revenir sur le cadre actuel du monopole pharmaceutique. Ce système, qui réserve aux pharmaciens le droit exclusif de vendre certains médicaments, notamment ceux nécessitant une prescription médicale, est strictement encadré par la loi en France. Il vise à garantir la qualité des produits, la sécurité des patients et un usage approprié des traitements. Ce cadre protège la santé publique tout en assurant un conseil adapté pour prévenir les risques liés à une mauvaise utilisation des médicaments.

 

Un impact sur le réseau de distribution des médicaments :

Si la vente de médicaments sans ordonnance venait à être autorisée dans les grandes surfaces, elle pourrait transformer le réseau actuel de distribution ainsi que les habitudes des patients. Cette mesure pourrait conduire à une multiplication des points de vente non contrôlés par des professionnels de santé, notamment dans des commerces de proximité comme les bureaux de tabac. Un tel changement pourrait modifier le rôle des pharmacies traditionnelles dans la dispensation des médicaments et l’accompagnement des patients.

 

Les implications pour la santé publique :

L’élargissement de la vente des médicaments soulève des interrogations sur les risques possibles pour la santé publique, notamment en matière de toxicité, de mésusage et d’iatrogénie. Par exemple, des études ont mis en évidence des taux plus élevés de complications, comme les greffes hépatiques, dans les pays où le paracétamol est disponible hors du circuit officinal, à noter que ce médicament est le plus consommé des Français. Ces études ont montré que seulement 14% des patients connaissent le risque de toxicité hépatique. Par ailleurs, certains patients ignorent la présence de cette molécule dans certaines spécialités dû à leur nom commercial. On peut citer le FERVEX qui associe paracétamol et phéniramine. Cette ignorance pourrait amener un surdosage. Ces données mettent en lumière la nécessité d’encadrer rigoureusement l’accès à ces produits pour limiter les conséquences indésirables.

 

Le rôle irremplaçable du pharmacien :

Le pharmacien grâce à ses six années d'études, ses nombreux stages et son diplôme d’État de Docteur en Pharmacie, possède une expertise approfondie sur les médicaments : composition, mécanismes d’action, interactions et contre-indications. Cette formation lui permet d’assurer des missions qui vont bien au-delà de la simple dispensation. Il englobe aussi la sécurité et l’efficacité des traitements, en évaluant les prescriptions et en accompagnant les patients dans leur prise en charge. Son rôle est essentiel pour prévenir les risques liés à l’automédication ou à un mauvais usage des médicaments. Il joue aussi un rôle clé dans le tri et la régulation des soins de premier recours. Par exemple, grâce aux tests rapides d’orientation diagnostique (TROD), il peut évaluer si un patient doit être orienté vers un médecin ou une structure d’urgence. Il pourra délivrer des antibiotiques si nécessaire.

En renforçant ces missions, on préserve non seulement la sécurité des patients, mais aussi l’équilibre du système de santé.

 

Sources :

  • Le moniteur des pharmacies
  • Pharma365

Rédigé par PUIGMAL Justine

Chargée de communication de Link4Pharma 2024-2025

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